En France, le phénomène des vols de chiens et de chats, en particulier ceux de race, connaît une augmentation alarmante. Des statistiques souvent floues cachent une réalité douloureuse : des propriétaires désespérés face à des réseaux de voleurs toujours plus organisés. Face à cela, une mobilisation sans précédent des associations se met en place.
Ces animaux, portant des noms affectueux comme Kiki ou Lucette, ne sont pas seulement des animaux de compagnie, mais des membres à part entière des familles. Le fichier national I-CAD a enregistré 135 déclarations de vols cet été, mais ce chiffre est sans doute bien inférieur à la réalité puisque 27 000 animaux y sont aussi répertoriés comme « perdus ». La complexité du phénomène réside dans le fait que de nombreux vols servent à alimenter un marché noir florissant.
Les animaux volés sont rapidement mis en vente sur des plateformes comme Snapchat ou Le Bon Coin, selon Nathalie Loïko, présidente de l’association Waf, qui vient en aide aux victimes. En plein Salon de l’Agriculture 2025, un éleveur a vu son berger allemand, évalué entre 25 000 et 30 000 euros, disparaître. Dans plusieurs cas, ces animaux sont également utilisés pour des combats illégaux ou pour la reproduction, des activités extrêmement lucratives.
Victimes laissées à elles-mêmes
Pour les propriétaires, le choc de la perte se transforme vite en un véritable parcours du combattant. Beaucoup d’entre eux se voient empêcher de déposer plainte, tandis que ceux qui y parviennent découvrent un suivi judiciaire quasi inexistant. Loïko souligne que la moitié des victimes qu'elle accompagne n'ont même pas pu déposer plainte.
Une propriétaire, dont le chat a été volé, raconte l'indifférence qu'elle a rencontrée au commissariat : « Ils m’ont dit d'y aller moi-même, comme s’ils ne voulaient pas se mouiller ». La difficulté d’enregister un animal comme « volé » dans le système d’identification national complique encore plus les démarches. Les victimes, déjà en état de détresse, trouvent la procédure insupportable.
Des arnaques en complément du vol
Cette vulnérabilité ouvre également la porte à des arnaques de plus en plus sophistiquées. Le « faux vétérinaire », par exemple, devient monnaie courante. Des personnes se faisant passer pour des vétérinaires appellent les propriétaires pour leur annoncer que leur animal aurait été retrouvé, mais exigent un paiement immédiat, laissant le propriétaire dans une situation encore plus précaire.
Vers une reclassification du vol d’animaux
Selon le Code pénal, le vol d'animaux est sanctionné de trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende, mais les associations estiment que ce délit devrait être requalifié en tant que vol aggravé. En effet, après la loi de 2015, les animaux sont reconnus comme « êtres vivants doués de sensibilité ». L’association Waf, avec l’aide de son avocate, propose de reclasser cette infraction afin d’aligner la justice sur la valeur réelle de ces compagnons de vie. Loïko insiste : « Le vol d’un animal doit être pris au sérieux, et non traité comme un simple vol d’objet. Dans cette situation, la justice devrait être équitable pour tous. »







