Le 8 décembre 2024, le régime de Bachar al-Assad a fui vers Moscou, marquant la fin d'une ère de dictature en Syrie. À sa place, le leader du groupe islamique Hayat Tahrir al-Sham, Ahmed al-Charaa, a pris les rênes d'un pays dévasté par treize années de guerre civile. Dans ce contexte chaotique, il se retrouve face à un immense défi : la reconstruction d’un État unifié et viable pour une population estimée à 23 millions d'habitants.
En termes de reconnaissance internationale, al-Charaa a surpris beaucoup d'observateurs en obtenant des réceptions officielles de figures politiques majeures comme Emmanuel Macron et Donald Trump. Ces rencontres ont marqué un tournant majeur, indiquant un intérêt croissant pour un dialogue avec la Syrie post-Assad, malgré le passé contestable du nouveau président, que certains qualifient encore de djihadiste.
Pourtant, cette légitimité acquise ne suffit pas à masquer les défis internes qui l’attendent. La Syrie est aujourd'hui un patchwork de territoires contrôlés par différentes factions, rendant la gouvernance et le rétablissement de l'ordre public particulièrement délicats. Selon Thomas Pierret, spécialiste des mouvements islamistes syriens à l'Institut de recherches et d’études sur les mondes arabes et musulmans, al-Charaa doit jongler entre ses promesses de stabilisation et les réalités sur le terrain, notamment l'absence de ressources et le besoin urgent d'aide humanitaire.
Des experts estiment qu’un engagement significatif de la communauté internationale est impératif pour soutenir la réhabilitation du pays, car sans cela, le risque d'un nouvel embrasement reste élevé. Les tensions entre factions armées, ainsi que la menace de groupes terroristes qui continuent d'opérer dans certaines régions, compliquent davantage le tableau.
Alors qu'Ahmed al-Charaa navigue sur cette ligne étroite entre la reconstruction et la stabilité, l'avenir de la Syrie semble encore très incertain. La communauté internationale, l’ONU et divers ONG surveillent de près son parcours, espérant que le pragmatisme affiché par le président de transition portera ses fruits dans un pays toujours en proie aux difficultés.







