Asim Munir, chef des armées pakistanaises, est perçu comme l'homme fort de son pays, ayant pris les rênes à la fin de 2022 à un moment critique. Le Pakistan, avec son arsenal nucléaire, est au bord du défaut de paiement et fait face à une crise politique majeure, reléguant Islamabad à une position marginale sur la scène mondiale.
Longtemps considéré comme un allié incertain, les États-Unis s'étaient désintéressés de la région suite au retrait de leurs troupes d'Afghanistan en août 2021. Même la Chine, appui traditionnel du Pakistan, montre des signes de désengagement. Néanmoins, sous la direction de Munir, le Pakistan semble renaître sur l'échiquier international.
Le général a récemment rencontré Donald Trump à la Maison-Blanche, où il a été qualifié de “maréchal préféré” du président américain. Munir a profité de cette opportunité pour discuter des richesses minérales du Pakistan, espérant attirer des investisseurs étrangers pour relancer son pays. Cette interaction a suscité de vives réactions dans les médias indiens, soulsignant les subt tensions persistantes entre ces deux nations.
Ce rapprochement entre Munir et Trump a fait naître une admiration forcée chez certains, et une forte opposition chez d'autres. Les critiques de Munir avancent qu'il s'inscrit dans une lignée de dirigeants militaires qui, sous couvert de stabilité, ont mené le pays à la répression, à la cupidité et à des conflits prolongés. Depuis son indépendance en 1947, le Pakistan a été gouverné alternativement par des militaires, et même lorsqu'un gouvernement civil est au pouvoir, l'armée reste omniprésente.
En théorie, Munir est responsable devant des civils élus, notamment le Premier ministre Shehbaz Sharif. Cependant, l'analyste politique Fatima Ali de Pakistan Today fait remarquer que l'autorité de Munir s'est accrue à tel point que certains craignent qu'il ne se prépare à un mandat prolongé. Les signes d'une consolidation du pouvoir militaire se multiplient, notamment par des interventions dans le cadre judiciaire et une censure accrue des médias.
Le soutien populaire pour Munir n'est cependant pas garanti. Les critiques, y compris le député Mahmood Achakzai, appellent à une gouvernance responsable, arguant que seule une démocratie forte peut sortir le pays du marasme actuel.
Société fracturée et défis internes
Dans le même temps, le pays fait face à des insurrections croissantes, notamment dans l'ouest, où le contrôle gouvernemental est défié par des groupes rebelles. Munir a promis de combattre ces mouvements tout en faisant face à la résurgence des talibans en Afghanistan, un défi géopolitique délicat pour Islamabad.
Un ancien analyste du renseignement, Ahmad Khan, évoque les tensions historiques et récentes entre le Pakistan et l'Inde, suggérant que les récents conflits témoignent de l'instabilité persistante régionale. “Nous sommes suspendus entre nos anciens alliés et les nouvelles réalités géopolitiques,” déclare-t-il.
Menace intérieure et future incertaine
À l’heure actuelle, le Pakistan est à la croisée des chemins. Les jeunes, majoritaires dans la population, pourraient renforcer les mouvements de contestation si la situation ne s'améliore pas. Le PTI d'Imran Khan, ancien Premier ministre, reste populaire malgré son emprisonnement, reflétant une frustration latente contre l'autoritarisme militaire.
“La démocratie est en train de naître maintenant au Pakistan,” a déclaré Aleema, sœur d'Imran Khan. Ce sentiment, partagé par de nombreux jeunes, pourrait représenter un défi sérieux pour le régime militaire.
Face à ces défis, la communauté internationale suit de près les développements au Pakistan. Munir, tout en s'affichant comme un leader fort, devra naviguer dans des eaux troubles pour maintenir son autorité et répondre aux aspirations grandissantes de la population. Le peuple attend des réformes audacieuses et une gouvernance réelle.







