Le sujet de la réouverture des maisons closes suscite des débats passionnés au sein de la société française. Le 9 décembre, "Maîtresse Marto", porte-parole du Syndicat du Travail Sexuel en France (Strass), et Fatima Benomar, présidente du collectif Coudes à Coudes, se sont exprimées sur franceinfo concernant cette question délicate. Bien qu'elles s'accordent sur la nécessité d'une protection accrue pour les travailleurs et travailleuses du sexe, elles sont fermement opposées à l'idée de rouvrir des maisons closes.
Lors de l'émission, Marto a souligné que la réouverture ne correspondait absolument pas aux revendications du Strass. La conversation a évoqué la loi de 2016, qui, bien qu'envisagée comme un moyen de protection, a, selon les critiques, fragilisé la position des travailleurs en élargissant la définition du proxénétisme à toute personne facilitant l’accès à la prostitution. Cela a entraîné une précarisation et une violence accrue pour bon nombre de ses collègues.
Jean-Baptiste Marteau, journaliste de franceinfo, a questionné cette position, en rappelant que certains politiques, dont ceux du Rassemblement National, avancent que la création d'établissements réglementés pourrait casser le lien avec les proxénètes, tout en offrant une protection aux professionnelles du secteur. Ces propositions, aussi séduisantes qu'elles puissent paraître, ont été critiquées pour leur potentiel à renforcer la marchandisation des corps, un point que Marto a confirmé. Elle a insisté sur le fait que la réouverture des maisons closes pourrait représenter un retour à une forme d'industrialisation du travail sexuel.
De leur côté, des experts soulignent le besoin d'une approche plus nuancée, qui prenne en compte les voix des travailleurs du sexe eux-mêmes. Selon une étude récente de l'Institut National d'Études Démographiques (INED), il est crucial d'écouter les opinions des intéressés afin de développer des politiques adaptées. Benomar a résumé ce point en déclarant qu'il fallait respecter toutes les paroles des travailleurs, tout en reconnaissant la violence inhérente à l'échange sexuel rémunéré.
Cette question complexe est également mise en lumière par d'autres institutions, telles que le Haut Conseil à l'Égalité, qui prône une réflexion approfondie sur les droits des travailleurs et la nécessité d'un cadre légal qui ne les expose pas davantage. Alors que le débat continue de faire rage, la société française se retrouve à la croisée des chemins, devant choisir entre protection et précarisation de ceux qui travaillent dans l'industrie du sexe.







