Ce lundi 15 décembre, à Lorient, douze défenseurs de l'environnement bretons sont appelés devant la justice suite à un acte de désobéissance civile qui a fait grand bruit : le blocage d'un train de céréales à Saint-Gérand en 2022. Par une action symbolique, le collectif Bretagne contre les fermes usines avait pour objectif d'attirer l'attention sur les dérives de l'agro-industrie.
Les protagonistes de cette affaire, Nina, 33 ans et Hervé, 73 ans, sont représentatifs d'une génération entièrement mobilisée contre les injustices environnementales. Alors que la guerre en Ukraine risquait de perturber l'approvisionnement en céréales, ces militants s'étaient regroupés en combinaison blanche pour stopper un train livrant du blé destiné à l'usine Saint-Jacques Aliment, appartenant à la coopérative Le Gouessant.
Au-delà du geste symbolique d'ériger un mur de parpaings sur les voies, l'action a été suivie de l'éparpillement de blé sur le sol, évoquant une possible crise alimentaire. Les conséquences n'ont pas tardé à susciter des réactions vives de syndicats agricoles et d'élus politiques, exprimant leur préoccupation quant au respect des lois et des lois de la République.
Un procès, et des questions sur l'avenir de l'agro-industrie
Les douze militants, poursuivis pour plusieurs chefs d'accusation, risquent jusqu'à deux ans de prison et 30 000 euros d'amende. Mais pour eux, il ne s'agit pas seulement d'un procès personnel, mais d'un véritable procès de l'agro-industrie et de ses conséquences désastreuses sur l'environnement et la santé publique. Hervé explique, "La Bretagne est une région gravement touchée par l'industrialisation de l'agriculture, rien à voir avec l'image bucolique que l'on donne aux touristes."
Outre cette action, Hervé est également connu pour avoir brandi une pancarte provocatrice lors d'une visite de Nicolas Sarkozy, illustrant son engagement pour la liberté d'expression. Quant à Nina, petite-fille d'agriculteurs, elle insiste sur l'importance d'intervenir : "Notre action était non violente et proportionnée, elle visait à sensibiliser le grand public sur un enjeu majeur, celui de la durabilité de notre système alimentaire."
Leur avocat, Me Bouquet-Elkaïm, alerte sur la dérive répressive à l'encontre des défenseurs de l'environnement, soulignant que des actions similaires n'auraient pas entraîné de poursuites, il y a dix ans. Il déplore la criminalisation croissante de la désobéissance civile en France.
Des voix au sein de la société civile, notamment certains experts en environnement et en droits humains, soutiennent ces militants, qualifiant leur action de légitime au regard de l'urgence climatique actuelle. Ils pensent qu'il est crucial de reformuler les lois pour mieux protéger les défenseurs du climat.
Contactés, ni la coopérative Le Gouessant ni l'entreprise Sanders, impliquées dans l'affaire, n'ont souhaité faire de commentaires avant le procès, plongeant ainsi le débat dans un silence stratégique. Mais une chose est sûre : ce procès soulève d'importantes questions sur l'avenir de l'agro-industrie et la légitimité des actions de désobéissance civile dans un contexte environnemental préoccupant.







