Un jeune homme de 28 ans a récemment été arrêté pour un viol survenu en 2015 à Poitiers. Son identification s’est réalisée grâce à une technique novatrice : la généalogie génétique. Cette approche, bien que controversée en France, se révèle efficace pour élucider des « cold cases ».
La généalogie génétique repose sur l'analyse d’échantillons d’ADN afin d'explorer les relations de parenté entre différents individus. Par cette méthode, les enquêteurs procèdent à des comparaisons de l’ADN trouvé sur les scènes de crime et des bases de données génétiques, cherchant des correspondances. L'objectif est de remonter dans l'arbre généalogique jusqu'à l'individu recherché.
Actuellement, seuls les profils contenus dans le Fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG) sont accessibles en France, ce qui limite considérablement les possibilités de recherche. À l’inverse, aux États-Unis, des bases de données privées permettent des investigations plus larges. Par conséquent, lorsque l’ADN d’un suspect n’est pas reconnu dans le FNAEG, les enquêteurs français doivent collaborer avec le FBI pour accéder à des données provenant de sociétés américaines, telles que GEDmatch et FamilyTreeDNA.
Cette méthode a déjà été adoptée avec succès aux États-Unis, où des affaires, comme celles du tueur en série Joseph James DeAngelo, ont pu être élucidées après des décennies. En France, des cas similaires commencent à émerger. Par exemple, en 2022, un retraité de 62 ans a été identifié grâce à cette approche après des viols commis durant dix ans. Malgré la présence répétée de son ADN sur les lieux des crimes, son profil n’était pas enregistré dans le FNAEG, illustrant ainsi les limites de la base de données nationale.
Les détracteurs de cette pratique soulignent néanmoins des questions éthiques et de respect de la vie privée. La ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a récemment proposé de légiférer sur ce sujet, soulignant l’opportunité de nuancer l'utilisation de telles technologies dans le cadre des enquêtes criminelles.
Si elle offre des perspectives prometteuses, la généalogie génétique doit encore naviguer dans les eaux troubles des lois françaises. Les experts estiment qu'un cadre législatif clair serait essentiel pour garantir à la fois l'efficacité de cette méthode et la protection des libertés individuelles. Les débats sur cette question ne feront que s’intensifier à mesure que la technologie continuera à évoluer. Comme l’affirme un expert en criminologie, "il est essentiel de trouver un équilibre entre la recherche de la justice et le respect de la vie privée des citoyens".







