Le site d'ArcelorMittal à Fos-sur-Mer, qui est la deuxième plus grande usine française du géant indien de l'acier, s'apprête à redémarrer après avoir été gravement endommagé par un incendie survenu en octobre. Prévue pour le 23 décembre, cette reprise s'accompagne de signes de vie sur un site qui jusque-là était en grande partie à l'arrêt, témoignant des défis économiques qui l'entourent.
Les 2 400 employés ont été informés de la reprise imminente, tandis que des travaux de préparation sont en cours. Bien que quelques grues soient mobilisées pour les derniers ajustements, beaucoup reste à faire : les montagnes de minerais patientent aux portes de la cokerie et divers wagons de transport sont immobilisés sur les rails. Cette situation n'est pas seulement due aux conséquences de l'incendie, mais s'inscrit également dans un contexte où l'usine tournait déjà en deçà de sa capacité avant cet incident, une réalité exacerbée par la signature d'un dispositif d'activité partielle longue durée (APLD) en 2022.
En raison d'un net recul du marché européen de l'acier, la direction a dû adopter des mesures d'adaptation, y compris un plan portant sur 308 postes d'ici 2025, reconnu par certains syndicalistes comme un « plan social déguisé ». Après la fermeture de l’un des hauts-fourneaux pour des raisons techniques, et avec un plan de relance pour 2026, l'usine fait face à des perspectives d'incertitude. Les syndicats, y compris la CFDT et FO, dénoncent une situation qui pourrait mener à de lourdes pertes, estimées à plusieurs centaines de millions d'euros.
Les installations de Fos-sur-Mer, qui célébreront leurs 50 ans en 2024, ont souvent été critiquées pour leur état vieillissant. Nordine Laimeche, délégué CFDT, demande une véritable rénovation des lieux. Plusieurs incidents étaient attribuables à un manque de personnel dans les opérations de maintenance générale, ce qui a accru les préoccupations en matière de sécurité. Laimeche souligne qu'il n'a jamais observé autant d'incidents en tant qu’employé de l'usine.
Malgré une atmosphère d'incertitude, le groupe ArcelorMittal semble envisager des projets d'avenir, y compris l'éventualité d'un haut-fourneau à arc électrique, projet qui nécessiterait un investissement de 750 millions d'euros. Ce projet pourrait renforcer la viabilité du site en matière de durabilité environnementale, bien que les syndicats restent prudents sur les conséquences sociales. Selon Alain Le Grix de la Salle, directeur d'ArcelorMittal France, la France demeure un pilier stratégique du groupe, malgré les récentes annonces de plans sociaux dans d'autres régions comme Dunkerque.
Les perspectives sont encouragement pour les investisseurs, comme l’évoque Maxime Kogge, analyste chez Oddo BHF, qui note un regain d'intérêt pour le site de Fos, avec des visites d'investisseurs. À mesure que le marché de l'acier pourrait redémarrer d'ici 2026, cette usine pourrait retrouver un nouvelle perspective, tout en gardant à l'esprit les défis de modernisation à surmonter pour s’ancrer dans un monde post-COVID.







