Treize grandes marques de luxe, dont Gucci, Versace et Yves Saint Laurent, se retrouvent dans la tourmente après que la justice italienne a lancé une enquête sur des allégations d'exploitation d'ouvriers chinois. Selon une récente demande de renseignements examinée par l'AFP, des perquisitions effectuées dans des ateliers en Italie ont révélé la présence de produits de ces marques, fabriqués dans des conditions de travail jugées indécentes.
Cette investigation menée par le procureur de Milan s'étend à des marques emblématiques du groupe Kering, tel que Gucci et Yves Saint Laurent, ainsi qu'à Givenchy, appartenant à LVMH, Prada, Versace, et d'autres grandes enseignes comme Ferragamo et Dolce & Gabbana. Les autorités requièrent des documents sur les chaînes d'approvisionnement et des audits internes pour éclaircir ces pratiques.
D'après les révélations, les conditions de travail des ouvriers seraient alarmantes : salaires dérisoires, logements inadaptés dans les ateliers, et heures de travail excessives. Ce scénario, dénoncé depuis des années par des défenseurs des droits des travailleurs, suscite de vives réactions. La loi italienne impose également une responsabilité aux entreprises concernant les abus commis par leurs sous-traitants.
Face à cette situation, le ministre de l'Industrie, Adolfo Urso, a pris position pour protéger la réputation du secteur, déclarant que les marques étaient injustement attaquées. De son côté, Tod's, qui a nié toute irrégularité, a reçu un délai de 11 semaines pour renforcer ses contrôles internes sur ses fournisseurs, comme l'a rapporté Le Figaro.
Les accusations ne se limitent pas qu'aux marques actuellement visées : d'autres grandes fortunes de la mode, telles que Dior et Tod's, ont déjà été mises en cause par la justice italienne dans des affaires similaires. Alors que l'industrie du luxe est souvent synonyme de qualité et de prestige, ces enquêtes mettent en lumière la face cachée de la production de mode.
Des experts, comme l'économiste Fabrizio De Angelis, estiment que la situation pourrait entraîner une refonte des pratiques d'approvisionnement dans le secteur : "Les marques de luxe doivent prendre leurs responsabilités et veiller à la transparence de leurs chaînes d'approvisionnement pour préserver leur image et respecter les droits des travailleurs". La question demeure : jusqu'où les géants du luxe peuvent-ils aller pour maintenir leurs marges bénéficiaires sans compromettre les droits des ouvriers ? Alors que l'opinion publique devient de plus en plus vigilante, la vigilance de la justice italienne pourrait bien redéfinir les normes du secteur.







