Une nouvelle période déterminante s'ouvre pour l'Assemblée nationale, qui se penche ce mardi sur le projet de budget de la sécurité sociale, dont l'avenir reste incertain. Les députés doivent naviguer entre des compromis difficiles, en tentant de satisfaire la gauche sans aliéner la droite.
Au cœur des discussions, des sujets explosifs comme les retraites, les franchises et le déficit à maîtriser. La situation complexe des groupes politiques, souvent aux avis divergents, rend le consensus difficile.
Pour le gouvernement dirigé par Sébastien Lecornu, l'adoption du texte serait une victoire significative. En l'absence de majorité, le Parlement revêt une importance cruciale pour la construction budgétaire. Des alliés gouvernementaux espèrent que cela puisse amorcer un élan positif pour le budget de l'État, encore plus clivant.
Cependant, un rejet du texte constituerait un sévère revers. Maud Bregeon, porte-parole du gouvernement, a tenu à souligner que voter en faveur du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 ne doit pas être interprété comme un soutien au gouvernement.
Les débats sont prévus pour se poursuivre jusqu'à dimanche, avec pas moins de 980 amendements à examiner. En milieu de parcours, les députés voteront d’abord sur la section recettes, dont le rejet entraînerait l’échec de l’ensemble du texte. La présidente des députés Rassemblement national, Marine Le Pen, n’a pas manqué d’affirmer que l’absence de budget est l'hypothèse la plus probable.
Face à une opposition forte de la part de LFI et RN, qui regroupe environ 210 députés, l'adoption ne dépend pas uniquement des soutiens traditionnels du gouvernement et du Parti socialiste. En première lecture, ce dernier avait contribué à un débat sur la suspension de la réforme des retraites, une concession faite par le gouvernement.
Dans le cadre de cette semaine décisive, la marge de manœuvre semble se réduire. Le rapporteur général, Thibault Bazin (LR), souligne que si l'on veut éviter de créer plus de tensions, il est essentiel de contenir le déficit de la sécurité sociale sous les 20 milliards d'euros, un seuil fixé par le gouvernement, bien que l'Assemblée ait initialement proposé un montant de 24 milliards.
Des débats nourris sont attendus sur une hausse de la CSG sur les revenus du capital, qui suscite des controverses et pourrait entraîner des votants LR et Horizons à s'abstenir. Autre point délicat : la question des franchises médicales, que le gouvernement prévoit de doubler. Les écologistes, en particulier, appellent à renoncer à cette mesure qu'ils jugent injuste.
Sébastien Lecornu a martelé l’importance de parvenir à un compromis, face à un déficit de la sécurité sociale qui pourrait atteindre 30 milliards d'euros sans budget. Certains députés évoquent la possibilité d'utiliser le 49.3 pour surmonter les obstacles, une option que l'entourage de Lecornu semble toutefois écarter, insistant sur la nécessité d'un compromis parlementaire.
Ce contexte complexe met en exergue les désaccords croissants entre les différents bords politiques, alors que le gouvernement tente de trouver une ligne de conduite acceptable pour tous. Avec les tensions croissantes, une adoption du budget de la sécurité sociale pourrait se révéler comme un test décisif pour l'actuelle législature.







