Depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022, l'Europe a imposé des sanctions à la Russie, entraînant un embargo sur son pétrole. Cependant, une nouvelle controverse émerge : la France continue de recevoir du pétrole via des routes détournées, ce qui soulève des questions sur la légalité et l'éthique de ces approvisionnements.
Il y a quelques jours, le navire Seabliss a accosté à Fos-sur-Mer, un port des Bouches-du-Rhône, pour décharger du pétrole en provenance de Russie. Un autre navire, Prometheus Energy, a également livré du brut récent. Ces navires sont partis de Novorossiisk, un port russe où ils ont notamment chargé du pétrole kazakh, qui a transit par un oléoduc majoritairement contrôlé par des intérêts russes, suscitant l'indignation des autorités françaises.
Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, a dénoncé cette situation sur franceinfo, affirmant que le contournement des sanctions est « totalement inacceptable ». Malgré un embargo sur le pétrole russe, les produits kazakhs échappent à ces restrictions, permettant ainsi à la Russie de bénéficier indirectement de ces livraisons. Selon des experts, les revenus tirés de cet oléoduc représentent jusqu'à 500 millions d'euros par an, un montant non négligeable qui alimente automatiquement le budget de la guerre.
La question se pose alors : ces navires participent-ils à la poursuite de l'effort de guerre de la Russie ? Philippe Chalmin, professeur d'histoire économique à l'Université Paris Dauphine, explique que « le Kazakhstan, en tant que pays enclavé, n'a d'autre choix que de passer par la Russie pour exporter son pétrole ». Ce phénomène met en lumière la complexité des sanctions internationales et la difficulté de les appliquer efficacement.
Par ailleurs, des responsables gouvernementaux évoquent une « flotte fantôme » de navires clandestins qui, selon certaines analyses, opèrent pour contourner les restrictions imposées par les pays occidentaux. La France trouve, donc, son approvisionnement en pétrole dans un contexte de géopolitique tendue, et alors que des voix s'élèvent contre ces pratiques, le débat sur la légitimité de ces importations n'est pas près de s'éteindre.
