À trois mois des élections municipales à Nice, la tension monte entre les anciens alliés et amis, Christian Estrosi et Eric Ciotti. Bien qu'ils avaient promis une campagne placée sous le signe des idées, leurs échanges de piques et provocations personnels semblent prendre le pas sur toute autre considération.
Les deux camps sont en pleine effervescence, lançant des éléments de programme tout en multipliant les attaques verbales. L'un des moments cocasses s'est produit lorsque M. Ciotti a révélé un projet de transformation d'un supermarché désaffecté en bowling, peu avant que le conseil municipal n’approuve une initiative similaire portée par son rival. Ce type de joute illustre parfaitement la rivalité qui s'est intensifiée.
La bataille des chiffres a également marqué cette campagne : des estimations de participation à un meeting de lancement ont été largement discutées, oscillant entre 800 et 3.000 participants, témoignant ainsi de l'importance des soutiens qui se font et se défont. Les échanges se sont également envenimés, avec des déclarations offensives et des insultes, l'un des proches de Ciotti allant jusqu'à traiter Estrosi d'"analphabète".
D'un point de vue programmatique, la situation reste floue. Les deux candidats multiplient les rencontres avec les citoyens pour recueillir leurs avis. Estrosi, de son côté, a mis en circulation un questionnaire auprès des habitants, promettant d'intégrer les contributeurs des meilleures idées dans sa liste, une initiative saluée par plusieurs observateurs.
Pour sa part, Ciotti promet d'annuler la montée de quasiment 20% de la taxe foncière, tout en proposant un projet de logements pour policiers, suivi de près par Jean-Pierre Rivère, ancien président du club de football de l'OGC Nice, et considéré comme un atout majeur dans la constitution de sa liste.
Malgré le climat de tension, il semble que les deux listes présentent des points communs, notamment un certain rapprochement avec le Rassemblement National (RN) de part et d'autre. M. Ciotti semble impatient de confronter son ancien mentor lors d'un débat, mais l'entourage d'Estrosi freine l'idée, suggérant qu'il est encore trop tôt pour cela. Lors d'un meeting, Estrosi lui-même a laissé entendre qu'une telle confrontation ne serait pas en faveur du député : "Il va se retrouver, lui l'élève, en face du maître."
Alors que cette lutte personnelle monopolise l’attention, les autres candidats, comme Juliette Chesnel-Le Roux (PS-PCF-Verts) et Mireille Damiano (LFI), peinent à se faire entendre. Les médias, pour leur part, prennent des mesures pour garantir un meilleur traitement à leur égard, avec le club de la presse de Nice qui a adopté une "charte de respect mutuel".
Alors que la campagne bat son plein, une question demeure : qui sortira vainqueur de ce duel fratricide qui cristallise les espoirs et les inquiétudes des Niçois ? La réponse se dessine progressivement dans un contexte politique déjà fortement polarisé.







