Le Parlement a voté jeudi à l'unanimité une loi qui vise à réhabiliter les femmes ayant été condamnées pour avortement avant l'entrée en vigueur de la loi Veil en 1975. Cette décision, accueillie avec enthousiasme par les associations féministes, met en lumière la manière dont les lois pénalisant le recours à l'avortement ont causé des atteintes à la santé et aux droits des femmes.
Dans le texte, le Parlement reconnaît que ces lois ont non seulement provoqué de nombreuses souffrances physiques et psychologiques, mais ont également conduit à des décès tragiques. Laurence Rossignol, ancienne ministre des Droits des femmes et promotrice de cette loi, a souligné l'urgence de réparer cette injustice : "Il s'agit d'un acte de justice envers les milliers de vies marquées par des lois terriblement inéquitables."
Aurore Bergé, actuelle ministre déléguée chargée de l'Égalité femmes-hommes, a également rappelé ses propres références familiales aux avortements pratiqués en dehors de la loi, affirmant que le pays a un devoir de mémoire et de protection des droits des femmes face aux menaces actuelles, tant en France qu'à l'international.
La loi prévoit également la création d'une commission chargée de reconnaître le préjudice subi par les femmes ayant avorté et de recueillir des témoignages sur les avortements clandestins. Cela représente un pas important vers la reconnaissance de l'histoire de cette période, souvent occultée.
Cependant, la loi ne prévoit pas d'indemnisation pour les victimes, ce qui a suscité des critiques, notamment de la députée Sandra Regol, qui a affirmé : "N'ignorer pas les questions d'indemnisation est un angle mort de ce texte." De son côté, Aurore Bergé a précisé que toutes les femmes concernées par cette loi n'avaient pas forcément subi de condamnations et que la commission pouvait potentiellement ouvrir des discussions sur des indemnités futures.
Cette initiative arrive à un moment clé, alors que les droits des femmes sont remis en question dans plusieurs pays. Les députés ont rappelé l'importance d’adopter une loi qui envoie un message fort, en réaction à l’adoption par le Parlement européen d'une résolution appelant à garantir l'accès à des avortements sécurisés.
Les associations féministes, telles que la Fondation des femmes, ont salué cette avancée, soulignant qu'il s'agit d'un droit fondamental qui doit être préservé et renforcé. « L'adoption de cette loi marque une page importante de notre histoire, celle qui condamne injustement les femmes pour avoir exercé leur libre choix », avait détaillé une porte-parole de l'organisation.
En somme, cette nouvelle législation est un pas essentiel vers la reconnaissance et la réhabilitation des femmes qui ont souffert sous un régime législatif inadapté, et un poignant rappel des luttes passées que les femmes doivent encore mener pour défendre leur autonomie.







