Une nouvelle étude menée par l’Institut Terram, en collaboration avec l'association Rura, explore la vie des 11 millions de femmes vivant en milieu rural en France. Alors que la ruralité n'est pas à l'origine des inégalités de genre, elle semble les exacerber à différentes étapes de la vie. Les résultats soulignent un accès limité aux services, une faible autonomie économique, et des expériences de mobilisation et de santé souvent très difficiles.
Loin d'être homogènes, les profils des femmes rurales se distinguent par une grande diversité. Ainsi, 32 % d'entre elles se trouvent dans des catégories socioprofessionnelles inférieures, 45 % sont inactives souvent par contrainte, et seulement 40 % parviennent à épargner régulièrement. Ces chiffres mettent en lumière la fragilité économique qui touche bon nombre de femmes et leur dépendance crucialement liée aux revenus masculins.
Les tâches domestiques occupent souvent une place prépondérante, les chiffres n'étant pas loin de la réalité : 86,5 % gèrent les démarches administratives, 70 % s’occupent des trajets scolaires et 74 % des activités extrascolaires. Dans ces régions, le partage des tâches pourrait sembler plus égalitaire par rapport aux milieux urbains, cependant, les alternatives d’aide sont pratiquement inexistantes.
Cette charge quotidienne impose non seulement une pression psychologique, mais a également des répercussions significatives sur la santé mentale : 63,6 % des femmes interrogées rencontrent des difficultés d'accès aux soins. Les études montrent que la santé psychologique des femmes rurales est souvent compromise, nécessitant une attention particulière.
Les jeunes femmes ressentent ces contraintes dès leur départ dans la vie adulte. À 18 ans, ces dernières sont souvent poussées à quitter leur région pour des opportunités d’études, laissant derrière elles celles qui ne peuvent assumer les coûts associés à ce déplacement. Les attentes socioculturelles continuent également de peser lourdement sur leurs choix de vie, 57 % d'entre elles affirmant que l'on s'attend à ce qu'elles s'occupent des foyers.
En réponse à cette problématique, des pistes d’amélioration ont été formulées, telles que l'adaptation des infrastructures de transport, le renforcement de l'accès à la formation, et la création de services « en aller-vers » pour mieux répondre aux besoins spécifiques des femmes rurales. Les violences systémiques à travers ce prisme doivent également être prises en compte, avec des chiffres alarmants concernant les féminicides : 47 % de ces tragédies se produisent en milieu rural, mais très peu de femmes osent demander de l'aide, freinées par un manque d'anonymat et de ressources accessibles.
En conclusion, cette étude éclaire un aspect crucial de la société française souvent oublié dans les discours politiques et sociaux. Espérons que ces données amorcent une prise de conscience et engendrent un changement concret pour les femmes vivant en milieu rural.







