À Marseille, la montée alarmante de la violence liée aux points de deal impacte les plus jeunes. Le procureur, Nicolas Bessone, met en lumière une réalité choquante : des adolescents sont souvent victimes d'abus graves, se retrouvant piégés dans des réseaux de trafiquants.
Un cri d'alerte récent a été poussé lorsque des clients de points de deal ont découvert des messages désespérés dans les pochons de drogue : "Nous sommes séquestrés, appelez la police". Ces jeunes, souvent en rupture familiale, sont contactés via les réseaux sociaux et recrutés pour surveiller les ventes de drogue. Cette réalité, qualifiée par certains d'"esclavage moderne", n'est pas une simple exagération. Les adolescents, attirés par l'argent facile, s'engagent souvent sans mesurer le danger, comme le souligne Isabelle Fort, responsable de la criminalité organisée au parquet de Marseille.
Les témoignages de victimes confirment de violentes manipulations. Par exemple, Hakim*, un adolescent de 15 ans, a été contraint de vivre dans des conditions déplorables, tout en étant menacé de violence s'il ne remplissait pas son rôle de guetteur. La violence s'intensifie rapidement : un simple faux pas peut se traduire par des sévices physiques. "Ils sont traités comme des mouchoirs jetables", déclare Laurence Bellon, une juge pour enfants à la retraite.
Les troubles de cette triste réalité sont liés à une dynamique de peur et d'omerta. Beaucoup ne portent jamais plainte, craignant des répercussions. Le directeur d'un établissement pour mineurs délinquants a fait part de la gravité de la situation : "Les frères et sœurs sont également impliqués, parfois obligés de se sacrifier pour rembourser des dettes".
Pour faire face à cette problématique, les autorités examinent de nouvelles approches. L'Unicef a récemment souligné l'importance de reconnaître ces jeunes comme des victimes et non comme des criminels. En Belgique et au Royaume-Uni, des lois protègent déjà les victimes de la traite. La France commence à progresser doucement sur ce front, mais, comme le déclare le ministre de la Justice, Géral Darmanin, il est crucial de envisager un changement dans le traitement judiciaire de ces jeunes, en intégrant la question de la traite des êtres humains dans les enquêtes liées au trafic.
Pourtant, de nombreux experts affirment qu'il reste encore un long chemin à parcourir. Sébastien Lautard, numéro deux de la police marseillaise, évoque un d'écart évident entre les idées et la réalité sur le terrain. Il est urgent d'agir non seulement pour sortir ces jeunes de l'engrenage des réseaux de drogue, mais également pour leur offrir un vrai soutien afin qu'ils puissent envisager un futur éloigné de la violence.
*Prénom modifié.







