Dans un paysage ferroviaire en pleine transformation, Trainline, le géant européen de la vente de billets de train, se bat pour élargir sa part de marché en France. Bien que la plateforme continue de subir des pertes dans l'Hexagone, l'ouverture à la concurrence et les avancées technologiques, notamment en intelligence artificielle (IA), offrent de nouvelles perspectives.
La réalité est que beaucoup de consommateurs Français demeurent fidèles à SNCF Connect pour l'achat de leurs billets, laissant peu de place à des alternatives comme Trainline, Kombo ou Omio. En effet, SNCF Connect détient encore entre 66 et 70% du marché. Cependant, la situation tend à évoluer avec l'arrivée de nouveaux acteurs comme Trenitalia, qui ne sont pas intégrés dans le système de réservation de la SNCF.
Alexander Ernert, le nouveau directeur général de Trainline, confie : "La concurrence est un atout pour nous, en particulier pour attirer les jeunes voyageurs à la recherche de bonnes affaires."
Cette dynamique est également appuyée par le développement de nouveaux opérateurs, tel que Velvet, qui lancera une ligne à grande vitesse vers Bordeaux en 2028. En conséquence, chaque nouvel acteur sur le marché pourrait permettre à Trainline de gagner en visibilité et en part de marché, bien que le poids de SNCF Connect s'avère un obstacle significatif.
Une équation économique complexe
Pour se distinguer, Trainline investit dans l'innovation. Tandis que SNCF Connect offre une gamme de services allant de la réservation d'hôtels aux transports urbains, Trainline envisage d'introduire un agent conversationnel intelligent, déjà en phase de test au Royaume-Uni, afin d'améliorer l'expérience client et de les accompagner tout au long de leur voyage.
Cependant, l'activité en France demeure peu rentable. Selon des sources internes, les commissions perçues par SNCF Voyageurs sont jugées insuffisantes pour permettre une croissance durable. Par exemple, les commissions à peine de 0,9% pour Ouigo et de 2,8% pour les TGV Inoui posent un grand défi. Les conditions du marché sont jugées peu équitables, ce qui rend difficile tout nouvel investissement.
Alexander Ernert souligne : "Nous devons revoir les conditions des commissions pour investir davantage en France. Le cadre actuel est désavantageux pour nous."
De leur côté, les experts de l'industrie et les organismes d'État examinent cette situation. Des enquêtes menées par l'Autorité de la concurrence cherchent à clarifier les pratiques de SNCF Connect, accusée par certains acteurs de bénéficier d'avantages inéquitables grâce à son intégration avec le groupe SNCF. Comme l'affirme un porte-parole, "les règles doivent être les mêmes pour tous les distributeurs", mais la perception de favoritisme reste forte parmi les alternatives.
Alors que Trainline s'efforce de trouver sa place dans un marché en constante évolution, le développement législatif et les changements réglementaires pourraient s'avérer déterminants dans les années à venir. Avec l'essor de l'IA et la dynamique concurrentielle, le chemin vers la rentabilité n'est pas encore tracé, mais les opportunités semblent prometteuses.







