Dans une démarche sans précédent, l'Union européenne vient d'officialiser un nouveau lien entre commerce et coopération migratoire. Désormais, les pays qui s'opposent à la réadmission de leurs ressortissants en situation irrégulière en Europe pourraient subir des sanctions commerciales.
Cette décision fait suite à une réunion de négociateurs du Conseil de l'UE, de la Commission européenne et du Parlement européen qui a abouti à une réforme majeure : l'accès des pays en développement au marché européen avec des droits de douane réduits pourra être révisé en fonction de leur coopération en matière de réadmission des migrants. Selon des sources du Politico, cette nouvelle politique vise à forcer des pays à reprendre leurs ressortissants en situation irrégulière, un processus jusqu'ici souvent entravé par le manque de coopération de certains États d'origine.
Avec ce durcissement, il est signalé que peu de personnes contraintes de quitter l'UE sont effectivement renvoyées en raison de la réticence des pays concernés. De ce fait, l'UE a décidé d'imposer des sanctions telles que la suspension temporaire, totalement ou partiellement, des régimes préférentiels existants sous le Système généralisé de préférences (SGP) en cas de manquements graves à leurs obligations de réadmission.
Les implications d'une réforme controversée
Ce changement survient dans un climat de plus en plus tendu sur la question migratoire, exacerbée par l'ascension des partis de droite nationaliste en Europe. Ces derniers ont renouvelé leurs appels à renforcer les expulsions et à réduire le flux migratoire. Selon des analyses de l'Institut européen de politiques migratoires, l'utilisation des leviers commerciaux pourrait représenter une solution pragmatique à un problème qui perdure depuis des années.
De manière potentielle, l'UE envisage même la création de « centres de retour » dans des pays tiers, un concept qui a suscité des oppose au sein de l'Assemblée parlementaire européenne, craignant une détérioration des relations diplomatiques avec certains partenaires stratégiques. Cependant, la présidence tournante danoise a placé ce dossier en tête de ses priorités, incitant les ministres de l'Intérieur et de la Justice à envisager d'autres mesures dans ce sens.
Au final, l'engagement de l'UE à utiliser ses leviers commerciaux pour forcer la main des pays non coopérants soulève de nombreuses questions éthiques et pratiques. À ce propos, Laurent Duvivier, expert en politiques migratoires à l'Université de Strasbourg, note que cette approche pourrait, à long terme, engendrer des tensions internationales. Avoir recours à des menaces commerciales pourrait entraîner une radicalisation des relations entre l'UE et les pays visés, rendant son application délicate.







