Boualem Sansal, écrivain algérien emblématique, a retrouvé la liberté après de longs mois passés derrière les barreaux en Algérie. Leur libération aurait dû faire l'objet d'une célébration nationale, mais au lieu de cela, elle met en lumière les incohérences de la France. Ce pays, souvent décrit comme un havre pour les esprits libres, semble avoir failli à sa mission, notamment face aux dictatures qui menacent la liberté d'expression.
Alors que la France adopte une position timide vis-à-vis du régime algérien, l'Allemagne, sans héritage colonial, a été prompte à intervenir pour obtenir la libération de Sansal. Un contraste qui révèle une France paralysée par ses propres angoisses historiques. Le Monde souligne que cette prudence est en fait une forme de lâcheté, effaçant les lignes rouges qui devraient guider notre politique étrangère.
La crainte d'Alger
Depuis plusieurs années, Sansal incarne tout ce que les dictatures craignent : il utilise la satire et la critique pour dénoncer les dérives du pouvoir. Son arrestation aurait dû provoquer une réaction détonante de la part des autorités françaises, mais le silence a été le maître mot. Les voix académiques se sont élevées, mais seules quelques figures politiques se sont démarquées, comme Bruno Retailleau, soulignant le désengagement de la France.
En effet, la France semble craindre de froisser un partenaire diplomatique jugé imprévisible. Cette attitude est d'ailleurs corroborée par l'analyse de nombreux experts en relations internationales, qui constatent que cette timidité conduit notre pays à renoncer à des valeurs fondamentales au profit d'un soi-disant « réalisme diplomatique ».
L'échec des Insoumis
Peut-être le plus déconcertant est le comportement de la France insoumise, qui s'est opposée à la défense de Sansal, en l'accusant de propos jugés « islamophobes ». Leur réaction met en lumière un paradoxe : les mêmes élus qui devraient défendre la liberté d'expression choisissent de la restreindre. Des voix critiques condamnent cette posture, affirmant qu'elle va à l'encontre des valeurs républicaines.
Sansal, loin d'être consensuel, n'hésite pas à porter un regard circonstancié sur les dérives religieuses et politiques, un droit qui, selon beaucoup, devrait être protégé en France. Le Figaro déclare que son œuvre, même lorsqu’elle dérange, est nécessaire dans le paysage littéraire actuel.
Enfin, bien qu'il soit de retour en France, la question se pose : Boualem Sansal est-il vraiment libre ? Si l'écrivain se dit contraint de modérer ses propos pour protéger les siens, cela soulève des inquiétudes. La France, dans le but de maintenir de bonnes relations avec Alger, impose-t-elle une forme de censure ? Le parcours médiatique de Sansal, soigneusement orchestré, pose également question. Protégerait-on l'écrivain ou cherchait-on simplement à contrôler son discours ?
À l'heure où des maux tels que la liberté d'expression sont remis en question, il est crucial de se demander quand Boualem retrouvera véritablement son statut d'esprit libre. Tant que les pressions continueront à s’exercer sur lui, sa libération ne pourra être considérée comme complète, servant de symbole à notre incapacité collective à défendre ceux qui osent parler sans entrave.







