La Commission européenne a récemment annoncé un plan audacieux pour sécuriser les approvisionnements en matières premières critiques, particulièrement les terres rares, afin de diminuer sa dépendance vis-à-vis de la Chine. Ce dispositif, baptisé « Resource EU », a été lancé par Stéphane Séjourné, vice-président en charge de la Prospérité et de la Stratégie industrielle, en réaction à la crise d'octobre dernier, lorsque Pékin a menacé de restreindre l'exportation de certaines terres rares clés.
« La situation actuelle est alarmante. La Chine contrôle près de 60 % de l'extraction mondiale et 90 % du raffinage des terres rares », a mis en garde Séjourné.
Un modèle inspiré du Japon
Le cœur de cette initiative est la création d'un Centre européen des matières premières critiques dès 2026, s'inspirant du modèle japonais JOGMEC. Ce centre aura pour fonctions majeures le suivi des approvisionnements en matières premières, l'organisation d’achats groupés et la constitution de stocks stratégiques pour prévenir les pénuries.
« Nous devons éviter le protectionnisme que nous avons vu lors de la crise du Covid », souligne-t-il. Pour soutenir cette initiative, 3 milliards d'euros seront mobilisés dans les douze prochains mois, avec un focus sur les projets miniers déjà identifiés.
Des projets d'envergure
Trois secteurs clés ont été désignés : les aimants permanents, les batteries et la défense. Séjourné a évoqué des projets prioritaires, dont un au Groenland et deux en Allemagne. De plus, il a annoncé un amendement au Critical Raw Materials Act visant à interdire ou à taxer fortement les exportations de certains matériaux recyclables essentiels.
Les experts estiment qu’une diversification des sources d'approvisionnement est cruciale. Selon une étude de l'Institut Européen de Relations Internationales, « la nécessité de réduire la dépendance à un fournisseur unique ne peut plus être ignorée ». Environ 30 % des besoins européens en terres rares pourraient être couverts d'ici 2030 par des projets de recyclage, comme le propose le projet Solvay à La Rochelle.
Un appel à la responsabilité des entreprises
Séjourné a également insisté sur l'importance d'un changement de mentalité parmi les industriels européens. « Il est temps que les entreprises réduisent leur dépendance à 100 % des importations chinoises », a-t-il déclaré. Un appel résonnant dans un contexte où l'Europe doit faire face à des défis économiques croissants et à la nécessité de garantir sa souveraineté industrielle.
Enfin, la Commission prévoit de signer des accords avec des pays partenaires comme le Brésil, qui pourrait jouer un rôle clé dans la fourniture de terres rares. Ces initiatives visent à garantir un approvisionnement fiable et à renforcer la position de l'Europe sur le marché mondial.







