Dans une enquête révélatrice, l'ancienne ministre du Commerce Véronique Louwagie met en lumière les efforts insistants de l'ex-ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, pour défendre la plateforme de fast fashion Shein. Prévue pour être diffusée dans l'émission "Complément d'enquête" sur France 2, cette exposition des intérêts conflictuels jette un nouvel éclairage sur les enjeux de la mode ultra rapide et du lobbying en France.
Louwagie, qui a occupé son poste de décembre 2024 à octobre 2025, a rapporté que Castaner avait tenté de la convaincre de rencontrer Donald Tang, président de Shein, en affirmant que cela servirait à "dédiaboliser" la marque. "C'était tout de même assez insistant", confie-t-elle, déplorant que cette forme de pression aboutisse à un processus de nettoyage d'image pour une entreprise controversée.
Elle a catégoriquement refusé ces propositions, soulignant que l'entreprise utilise de telles rencontres pour influencer le paysage commercial français. "Cela s'apparente à du lobbying, une manœuvre pour faire passer des messages et s'implanter durablement dans le secteur du textile en France", a-t-elle déclaré.
En réponse à ces accusations, Castaner a rejeté les allégations. "Loin de moi l'idée d'agir comme un lobbyiste pour Shein", a-t-il répondu lors d'une interview. Pour sa part, Shein a précisé que leur interaction avec Castaner se limitait à un rôle consultatif sans aucune implication dans des activités de lobbying, comme rapporté par BFMTV.
Les révélations inquiétantes ne s'arrêtent pas là. Un ancien cadre de Shein, s'exprimant sous couvert d'anonymat, a mentionné des pratiques inattendues concernant le traitement de la main-d'œuvre en Chine. Il a affirmé que l'entreprise "savait diluer ses responsabilités" en se présentant comme un simple intermédiaire. En cas d'alerte sur des conditions de travail abusives, afin de préserver son image, elle réagit en suspendant les fournisseurs concernés tout en évitant d’assumer ses responsabilités.
Shein a également été critiquée pour ses pratiques de contrefaçon, mais affirme avoir mis en place un code de conduite pour ses partenaires, promouvant une politique de tolérance zéro contre le travail forcé et le travail des enfants. Cependant, des experts en éthique commerciale mettent en garde contre le manque de transparence dans ce secteur en pleine expansion.
Ce développement soulève des questions cruciales sur la responsabilité sociale dans le domaine de la mode, et l’ampleur du lobbying dans les décisions politiques au sujet d’un secteur souvent accusé de contribuer à des pratiques de consommation dangereuses pour l'environnement et l'humain. Reste à voir comment les acteurs politiques et économiques vont répondre à ces préoccupations grandissantes.







