Un autel de fleurs, de lettres et de bougies a été élevé par les habitants du quartier Sextius à Aix-en-Provence en mémoire de Robert, un sans-abri décédé à seulement 50 ans. Ce geste émouvant vise à dénoncer l'indifférence chronique dont souffrent ceux qui vivent dans la rue, un fléau qui a touché 912 personnes en France en 2024, selon le Collectif Les Morts dans la rue.
« Bouleversée. Je ne m'attendais pas à trouver cette place vide en tournant la tête. Ta place », peut-on lire sur une lettre laissée sur l'autel. Les mots évoquent la chaleur humaine qui unit les résidents du quartier et leur peine face à ce départ inattendu. Robert, connu pour son sourire et sa bienveillance, avait su tisser des liens avec plusieurs habitants. « Toujours souriant, hyper solaire, qui m’appellera Amel Bent maintenant ? », a exprimé l'un d'eux, dont le témoignage souligne l'impact que Robert a eu sur ceux qui l'entouraient.
Sa maladie, résultant de nombreuses conditions médicales aggravées par l'absence de foyer, a été renforcée par une négligence systémique des soins. Originaire d'Europe de l'Est, Robert avait perdu ses papiers, rendant ses demandes de soins souvent inutiles. Des bénévoles tels que Karine et Pascal de l'association Aix Entraide ont tenté de l'aider, mais leur soutien est parfois resté insuffisant face à un système de santé qui peine à réagir rapidement.
Mélissa, une habitante du secteur, se souvient de leurs échanges. « Il avait besoin de parler, et j'étais là pour l'écouter », dit-elle avec émotion. Elle rajoute : « J'aurais souhaité pouvoir être là pour lui jusqu'à la fin ». Les histoires comme celles de Robert rappellent le besoin urgent de solidarité et de soutien pour les plus vulnérables durant l’hiver, une saison particulièrement difficile pour ceux qui vivent dans la rue.
Les lettres laissées sur l'autel expriment la douleur et le regret face à son départ. Karine, de l'association Aix Entraide, explique : « C'est quelqu'un qui va nous manquer. Il faisait partie de mes petits protégés ».
Alors que l'hiver apporte des températures glaciales, la nécessité d'ouvrir des gymnases et d'autres espaces d'accueil pour les sans-abri devient impérieuse. Des initiatives communautaires sont essentielles, mais le manque de ressources officielles reste un obstacle significatif.
Karine fait appel aux autorités locales : « Il faut agir pour que des tragédies comme celle de Robert ne se reproduisent plus. Chaque personne mérite un toit, de la chaleur et un repas chaud chaque jour. » Les habitants du quartier espèrent que l'exemple de Robert incitera d'autres à s'impliquer. Cette tragédie humaine ne devrait pas rester sans réponse.







