Le Congrès brésilien a pris une décision inattendue en adoptant, le 17 décembre, une loi visant à réduire considérablement la peine de prison de l’ancien président Jair Bolsonaro, condamné à 27 ans pour tentative de coup d’État. Ce projet pourrait ramener sa condamnation à seulement deux ans et quatre mois, ce qui suscite de vives critiques au sein du pays.
Cette proposition a été adoptée par le Sénat, avec un vote de 48 voix contre 25. Soutenue par une majorité conservatrice, cette loi avait déjà reçu le feu vert de la Chambre des députés la semaine précédente. Bolsonaro, qui purge sa peine depuis fin novembre dans les locaux de la Police fédérale à Brasilia, a été reconnu coupable par la Cour suprême d'avoir dirigé une « organisation criminelle » en vue de maintenir son pouvoir après sa défaite électorale face à Luiz Inacio Lula da Silva en 2022, comme l'indique France 24.
Les documents judiciaires révèlent un projet alarmant envisagé par Bolsonaro et ses partisans, qui incluait l'assassinat de Lula. Ce plan est tombé à l'eau faute de soutien de l'armée, ce qui témoigne d'une vraie crise politique au Brésil. Selon l'experte en droit pénal, Ana Paula Sampaio, « cette réduction de peine pourrait être perçue comme un affront à la justice et à la démocratie ».
Une amnistie en vue ?
Les partisans de Bolsonaro espèrent qu'une amnistie complète pourrait voir le jour. Flávio Bolsonaro, un sénateur et fils de l'ancien président, a exprimé son optimisme : « Ce n'est pas exactement ce que nous voulions, mais c'est un pas dans la bonne direction ». Cependant, la présidence actuelle a des moyens pour contrer cette loi. Le président Lula da Silva a la possibilité d'opposer son veto, bien que ce veto puisse être annulé par le Congrès brésilien.
Parallèlement, le texte examine la possibilité d'accorder la liberté conditionnelle à de nombreux partisans de Bolsonaro, condamnés après les émeutes du 8 janvier 2023, où des milliers de bolsonaristes ont envahi les institutions gouvernementales à Brasilia. Cette émeute, à peine quelques jours après l'investiture de Lula, a profondément choqué la société brésilienne.
Un climat politique tendu
La situation politique au Brésil est marquée par des tensions palpables. Lors des débats sur ce texte controversé, un député de gauche, Glauber Braga, a été expulsé de l'assemblée après avoir dénoncé une « offensive putschiste ». La Fédération des journalistes du Brésil a vivement condamné cet incident qui s'ajoute à un climat déjà tendu. Il est clair que les événements des dernières semaines laissent entrevoir des défis majeurs pour la démocratie brésilienne.
Cette décision du Congrès continue d'alimenter des débats houleux sur l'état de la démocratie au Brésil, et les observateurs s'interrogent sur les conséquences futures de cette situation. Selon le sociologue et analyste politique, João Carlos Lisboa, « la façon dont le gouvernement Lula gérera cette crise pourrait définir la trajectoire politique du pays pour les années à venir ».







