Hong Kong (AFP) – Après un long suspens, le réalisateur reconnu Kiwi Chow a été confronté à une nouvelle réalité déconcertante : son dernier film, intitulé "Deadline", a été interdit par les autorités, marquant une nouvelle étape dans la répression de la créativité dans la région. Ce thriller, qui se déroule dans une école d'élite perturbée par des crises de suicides imminents, est décrit par Chow comme une allégorie d'une société en souffrance.
Dans une interview accordée à l'AFP, Chow partage sa frustration face à l'absence d'explications de la part des autorités, qui justifient leur décision en invoquant des raisons de "sécurité nationale". Avec cette censure, c’est l’audace d’un cinéma autrefois florissant à Hong Kong qui s'éteint.
Depuis l'imposition de la loi sur la sécurité nationale en 2020, la situation des libertés individuelles s'est détériorée. La réponse de Chow est claire : "Si cela concerne la situation politique réelle de Hong Kong, personne ne pourra faire de film sur ce sujet". Les compagnies de production, redoutant des répercussions, ont commencé à se détourner de projets jugés sensibles, ce qui a encouragé une pratique d'autocensure au sein de l'industrie cinématographique.
Chow a commencé sa carrière en 2015 avec "Ten Years", une œuvre acclamée mettant en lumière un Hong Kong dystopique. Aujourd’hui, il se remémore les projections communautaires où des foules assistaient à ce film, en contraste frappant avec la situation actuelle. Rappelant l'impact des manifestations de 2019, Chow estime que son travail incite le public à réfléchir sur le prix à payer pour la liberté.
Malgré tout, Chow refuse de céder à la peur. Lors de la production de "Deadline", il a ressenti une profonde solitude, mais il reste déterminé à faire entendre sa voix. "Je devrais peut-être réduire mon budget ou modifier le scénario. Tant que cela peut être réalisé à Hong Kong, je n'abandonne pas", a-t-il déclaré.
Cette histoire résonne non seulement chez les cinéastes mais aussi auprès des citoyens de Hong Kong, qui ressentent la pression de la censure dans tous les aspects de leur vie. Selon des experts politiques, cette situation soulève des questions critiques sur l'avenir de la ville en tant que havre de créativité et d'expression.
Alors que le film "Deadline" a été tourné à Taïwan et a déjà rencontré un certain succès là-bas, le fait qu’aucune école de Hong Kong ne veuille accueillir Chow pour des projections souligne la gravité de la censure en cours. Au-delà des frontières, la communauté de Hong Kong continue de chercher des moyens de soutenir les artistes et de revendiquer leurs droits.







