À La Pitié-Salpêtrière, une infirmière a décidé de contester son licenciement devant la justice administrative. Majdouline B., employée à l'AP-HP depuis 2018, a été renvoyée le 10 novembre 2025 pour avoir obstinément refusé d'ôter son calot chirurgical, un couvre-chef utilisé dans les hôpitaux.
Au cours de l'année précédente, son employeur a multiplié les procédures disciplinaires à son encontre, l'accusant de ne pas respecter des règles d'hygiène relatives à son équipe. Pourtant, comme l'indique son avocat, Me Lionel Crusoé, aucune législation ne semble interdire le port de cet accessoire dans le service de médecine interne où elle exerçait.
Les problèmes ont commencé lorsqu'il a été allégué que le port de ce calot était lié à des convictions religieuses, ce que Majdouline B. a véhémentement nié. « Il est important de rappeler que je n'ai jamais revendiqué d'appartenance religieuse. Le calot fait partie de ma vie privée », a-t-elle affirmé à l'AFP. L'accusation a finalement été écartée, mais l'AP-HP a insisté sur des questions d'hygiène, mentionnant des recommandations de 2014 sur la lutte contre les infections nosocomiales.
Lors des débats, Me Lacroix, l'avocate de l'AP-HP, a souligné que la continuité du port du calot en dehors des zones spécifiques était problématique. D'autres infirmières, témoignant de leur soutien à Majdouline B., ont fait remarquer que de nombreux collègues portaient des calots pour diverses raisons, y compris des problèmes de santé.
« Ce licenciement m'apparaît comme une discrimination », déclare Majdouline B. « On me juge pour mon apparence plutôt que pour mes compétences professionnelles. » Au-delà de son cas, cette affaire met en lumière un phénomène plus large. Blandine Chauvel, assistante sociale et représentante syndicale, révèle que plusieurs autres infirmières ont été confrontées à des sanctions similaires, dans une pratique qu'elle qualifie de « chasse aux bouts de tissu ».
Cette situation suscite également l'inquiétude parmi les professionnels de santé. « Pendant la crise sanitaire, tout le monde portait des calots, des masques et d'autres équipements. Pourquoi maintenant ce traitement inégal ? » s'interroge une infirmière de l'hôpital.
Des rassemblements de soutien se sont tenus devant le tribunal, où une cinquantaine de personnes, y compris des collègues et des militants, ont manifesté leur solidarité envers Majdouline B. « Cette situation est extrêmement préoccupante, car elle pourrait créer un précédent dangereux sur la manière dont les employeurs peuvent traiter leurs employés sur des questions de vie privée », a déclaré Mathilde Panot, députée de La France Insoumise (LFI).
Le jugement est attendu dans les jours à venir, mais cette affaire soulève déjà des questions fondamentales sur les droits des employés et la laïcité au sein des institutions publiques.







