La France traverse une crise de la peur. Les récents sondages, comme celui d'Odoxa pour Public Sénat, révèlent que la sécurité est désormais en tête des préoccupations des citoyens, devançant des enjeux tels que l'économie, la propreté et l'environnement. Ce phénomène semble paradoxal, car les statistiques montrent une baisse constante des crimes violents et des homicides. Néanmoins, l'angoisse collective persiste, alimentée par des chiffres alarmants sur d'autres types de délinquance, utilisées par certains politiciens pour émettre des généralisations.
Cette dissonance entre perception et réalité se révèle particulièrement marquée selon les quartiers. La perception de la délinquance diffère largement entre les cités de Seine-Saint-Denis et des zones plus tranquilles telles que la Côte Basque ou des régions rurales. Les résultats électoraux retentissants du Rassemblement National sont souvent le reflet d'une inquiétude sur des phénomènes criminels amplifiés par les médias et des discours populistes, selon des analystes politiques comme Thomas Guénolé.
Dans certaines villes comme Marseille ou Dijon, la violence est une réalité quotidienne. Les habitants y sont exposés à des situations extrêmes, tels que les règlements de comptes liés au narcotrafic à Marseille et des actes de vandalisme sur des établissements scolaires à Dijon. Les victimes restent souvent les mêmes : les résidents de ces quartiers fragilisés.
Lors des élections municipales à venir, la gauche risque d'être sous pression. Longtemps réticents à aborder la question de la sécurité, les candidats de gauche doivent désormais prendre en compte un sentiment grandissant d'insécurité. À Grenoble, par exemple, l'approche anti-violence du maire écologiste Éric Piolle a été critiquée après la mort d'un agent municipal, soulignant un besoin pressant d'une politique plus concrète. À Marseille, le candidat LFI Sébastien Delogu a suscité des controverses en évoquant un lien avec des groupes criminels, renforçant l'anxiété des habitants.
La sécurité, première des libertés ? L'idée que la sécurité est un préalable à la liberté reprend de l'importance. Lionel Jospin avait réaffirmé que la sécurité d'un citoyen est primordiale pour l'exercice de ses droits. Ignorer cette réalité pourrait conduire à une montée en puissance de l'extrême droite, qui exploite habilement ces peurs pour mobiliser son électorat. Les prochains mois seront cruciaux afin de définir l'approche des futurs candidats et des partis politiques face à cette question centrale.







