Dans un rapport publié hier, l'Institut national d'études démographiques (Ined) révèle un tournant démographique marquant pour la France : pour la première fois depuis l'ère industrielle, le solde naturel du pays est devenu négatif. Ce constat alarmant est attribué à une chute significative de la natalité, ainsi qu'à l'effet cumulé du baby-boom, qui continue d'influencer la structure de la population.
Alors que la France était souvent perçue comme un bastion de la natalité en Europe, ce phénomène semble désormais appartenir au passé. En 2025, la population hexagonale a atteint 68,6 millions, une augmentation très modeste de seulement 169 000 habitants par rapport à l'année précédente, principalement due à un solde migratoire positif, plutôt qu'à la natalité.
En effet, les chiffres montrent que, dans la métropole française, 629 000 naissances ont été enregistrées contre 630 000 décès. « C'est un basculement historique », a déclaré Stéphanie Rist, ministre de la Santé, à l'Assemblée nationale. Ce déclin de la natalité touche tous les territoires et pourrait se poursuivre dans les années à venir, prévient l'Ined. Une étude révèle qu’en deux décennies, le nombre moyen d'enfants souhaités par les femmes de moins de 30 ans a chuté de 2,5 à 1,9.
Cette situation est accentuée par le vieillissement de la population, conséquence directe de l'arrivée à des âges avancés, au-delà de 75 ans, de ceux nés durant le baby-boom, période caractérisée par une forte natalité entre 1945 et 1960. Les décès augmentent donc naturellement, car un plus grand nombre de personnes âgées est maintenant en vie, bien que l'espérance de vie ait également connu une légère augmentation, atteignant en moyenne 80 ans pour les hommes et plus de 85 ans pour les femmes.
Le ministre a également annoncé un plan national visant à lutter contre l'infertilité, un fléau qui pèse sur la natalité. Ce plan, promis par Emmanuel Macron, demeure pour l'instant en phase d'élaboration, et aucun effet tangible n'a été constaté jusqu'à présent. Cette question est d'autant plus cruciale dans les zones rurales, où le vieillissement de la population est particulièrement marqué. Selon des données récentes, en 2024, 31 % des hommes et 35 % des femmes en milieu rural avaient plus de 60 ans, comparativement à 22 % et 26 % dans les environnements urbains.
Dans ce contexte difficile, des experts appellent à une réflexion collective afin de reverser cette tendance. Les politiques publiques doivent prendre en compte la diversité des territoires et répondre aux besoins spécifiques de chaque région. Seul un effort concerté permettra à la France d’envisager un avenir démographique plus soutenable, en évitant les risques d’une spirale descendante.







