Incontournable masterpiece des années 90, Pulp Fiction de Quentin Tarantino transforme l'univers du film noir. À travers des dialogues décalés et une approche non linéaire, le réalisateur crée une fresque où la banalité côtoie la violence avec une légèreté désarmante.
Il serait trop simple de l’assimiler à un simple polar. Dans Pulp Fiction, les personnages ne sont pas seulement des criminels ; ils incarnent des humains en proie à des préoccupations quotidiennes. Lors d'une célèbre scène, Vincent Vega et Jules Winnfield, interprétés par John Travolta et Samuel L. Jackson, discutent de la nomenclature des hamburgers européens en pleine préparation d'un meurtre. Cette juxtaposition de l'ordinaire et du macabre est une des marques de fabrique de Tarantino qui, pour certains critiques, donne une dimension presque kafkaïenne à son récit.
Selon le critique de cinéma Jean-Pierre Canga, cette approche a perverti les codes du genre : "Tarantino met en lumière l'absurdité de la violence ordinaire, la rendant aussi triviale que banale." Rappelons que les événements de l'époque, tels que les émeutes de Los Angeles après le tabassage de Rodney King, ont également influencé cette vision critique des rapports entre violence et culture.
Dans sa structure circulaire, le film offre un écho à une réalité où la mort ne répond plus à des codes héroïques, mais résulte de simples accidents de parcours. Vincent meurt aux toilettes dans une scène qui soulève des questionnements sur la fatalité, laissant entrevoir une désillusion poussée à l'extrême. De plus, le personnage de Jules, capable de saisir l'urgence de se réinventer, fait écho à des philosophies contemporaines, suggérant que la rédemption est à portée de main.
Par ailleurs, lors de sa première au Festival de Cannes en 1994, Tarantino a choqué et fasciné le public. Ce succès retentissant, combiné aux références culturelles omniprésentes, a ouvert un dialogue sur l'Amérique post-moderne, rendant Pulp Fiction à la fois une œuvre d'art et un phénomène sociologique. Le film incarne une époque où le langage vidéoludique et les références à la culture pop redéfinissent notre rapport à l’écran.
Ce chef-d'œuvre, qui a rapporté 214 millions de dollars au box-office pour un budget de seulement 8 millions, a ouvert la voie à un nouveau genre : l'$indiewood$. Comme l'a mentionné le critique de cinéma Emmanuel Levy, "Tarantino n’a pas seulement créé un film ; il a établi une culture autour de ce film, influençant toute une génération de réalisateurs. Ainsi, Pulp Fiction ne disparaît jamais vraiment. Sa légende perdure dans l’univers cinématographique d’aujourd’hui." Le film reste un point de référence incontournable pour comprendre l'évolution du cinéma moderne.







