Le jeudi 19 décembre 2025, l'Union européenne a décidé d'adopter des mesures significatives visant à durcir sa politique migratoire. Le Parlement européen et les États membres ont approuvé un texte qui permet le renvoi de demandeurs d'asile vers des pays dont ils ne sont pas originaires. Ces personnes, fuyant leur pays pour des raisons de persécution, pourraient ainsi être transférées vers des nations jugées "sûres".
Cette décision ouvre la voie à des accords bilatéraux entre les États membres de l'UE et des pays tiers sûrs. Parmi les pays désignés par le Parlement figurent le Kosovo, le Bangladesh, la Colombie, l'Égypte, l'Inde, le Maroc et la Tunisie. Cette évolution ne manque pas de susciter des critiques, notamment de la part d'organisations comme Amnesty International, qui affirme que de telles règles pourraient saper les fondements mêmes de la protection des réfugiés.
Il convient de rappeler que des tentatives antérieures de relocaliser le traitement des demandes d'asile en dehors des frontières de l'UE ont échoué. Par exemple, le Royaume-Uni avait proposé en 2022 de transférer ce processus vers le Rwanda, mais cela avait été bloqué par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. De même, l'Italie a vu son projet d'examiner les demandes d'asile en Albanie annulé par sa propre justice.
Matthieu Tardis, expert en migrations européennes, souligne que l'accord de Dublin, qui stipule que les demandeurs d'asile doivent être renvoyés dans le premier pays de l'UE qu'ils ont traversé, est déjà difficile à appliquer. La mise en place de ces nouvelles règles pourrait engendrer des complications supplémentaires, financièrement et logiquement.
D'autre part, dix-huit pays européens ont sollicité la Commission européenne pour un soutien financier en vue de créer des "hubs de retour" à l'extérieur de l'UE. Ces centres auraient pour objectif d'expulser les migrants dont les demandes d'asile ont été refusées. En parallèle, le Royaume-Uni et le Danemark ont exprimé le besoin de réformer la Convention européenne des droits de l'homme, qui protège les libertés fondamentales. Ce débat est crucial, car les États peuvent être tenus responsables de la situation des personnes en dehors de leur territoire, même lorsqu'ils tentent de déléguer le traitement des demandes d'asile à des pays tiers.







