Une semaine après les premières manifestations devant une ferme en Ariège, le mécontentement des agriculteurs face à la gestion de l'épidémie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) ne cesse d'augmenter. Mercredi, plusieurs routes et lignes ferroviaires étaient bloquées dans le Sud-Ouest, malgré l'appel à l'apaisement lancé par la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard.
Au matin du même jour, dans l'Aude, une trentaine de tracteurs, arborant les drapeaux des Jeunes agriculteurs et de la Confédération paysanne, ont emprunté l'autoroute A61, en direction de Carcassonne. Leurs revendications dépassent le cadre de la DNC : « Notre confiance envers les services de l'État est ébranlée. Des problèmes comme le Mercosur, la PAC, ou la gestion de l'eau s'accumulent. Ça suffit ! », a déclaré un représentant des Jeunes agriculteurs.
Au niveau de Villefranche-de-Lauragais, l'A61 est déjà bloquée depuis mardi, entraînant un arrêt des trains entre Toulouse et Narbonne. « Nous restons ici jusqu'à ce que notre voix soit entendue, » a déclaré Dorian Biffi, membre enthousiaste des Jeunes agriculteurs 31.
Les tensions ne faiblissent pas, avec de nouvelles mobilisations chaque jour. À Carbonne, des agriculteurs ont passé leur cinquième nuit sur l'autoroute A64, tandis que d'autres axes comme l'A20 et l'A63 sont également affectés. Le ministre de l'Intérieur, Laurent Nunez, a demandé aux préfets de gérer ces mouvements avec tact et d'éviter les débordements.
La ministre Genevard a appelé à la retenue avant les fêtes de Noël, mais les agriculteurs sont déterminés à poursuivre leur mobilisation tant que leurs inquiétudes ne seront pas prises en compte. « Nous restons ici même après Noël, si nécessaire, » ont-ils averti. En réponse à cette crise, la ministre a annoncé la vaccination de 750.000 bovins dans le Sud-Ouest et une extension de la zone vaccinale à d'autres départements, bien que cette mesure ne fasse pas l'unanimité.
Les syndicats comme la Coordination rurale et la Confédération paysanne manifestent leur désaccord avec la politique d'abattage total mise en place par le gouvernement. « Les solutions apportées par le gouvernement ne sont pas à la hauteur, » a déclaré Mathieu Vinel, un fermier engagé sur le terrain. Ce dernier a souligné le risque de voir son propre cheptel diminué, rendant la réhabilitation de son exploitation plus compliquée.
Le préfet du Gers a, quant à lui, déposé plainte après le déversement de déchets devant la préfecture d’Auch, condamnant ainsi des actes jugés inacceptables.
Alors que l'État tente de gérer l'épidémie depuis son apparition en juin en Savoie, la situation demeure tendue. Avec déjà 114 foyers de DNC recensés, dont 26 en Occitanie, l'inquiétude croît parmi les agriculteurs sur leur avenir et la mise en œuvre effective des mesures de soutien promise par le gouvernement. La campagne de vaccination pourrait mobiliser des vétérinaires de toute la France, tout en unissant les acteurs de la filière autour de la lutte contre cette maladie qui menace le cheptel national.







